Jeudi 1er juillet :
Après un trajet de train accompagné de deux recrues (assez peu) féminines du « confort crew », très promptes à m’empêcher de rattraper ma nuit de sommeil, on se retrouve devant cet arrêt de navette situé pile poil de l’autre coté de la gare de Belfort (idée toujours saugrenue quand on sait que le lundi qui suivra elle se garera pile devant). Une attente de 30 min en plein soleil de plomb où on se console de nos prochains coups de soleil en matant les petites anglaises qui semblent avoir pris le pas sur la population allemande cette année, merci Dead Weather. Trajet réglementaire de 25 min de bus asphyxiant pour arriver à l’aérodrome qui semble peu rempli à 18h. On entre dans le vif du sujet lorsqu’un journaliste peu consciencieux sort ses plus étranges alcools forts, dont un truc qui sent le sapin et va vite retourner la tête des premiers arrivés. La suite semble plus floue, à base de vannes scabreuses, d’un peu de Gaslamp Killer qui s’entêtait à passer des morceaux qu’il aimait, sans jamais en faire quelque chose de personnel et enfin, des horribles Bomba Estereo qu’on évitera soigneusement lors de leur passage sur le site du festival.
Vendredi 2 juillet :
Le sale réveil, une gueule de bois millésimée qu’on ressent dès 7h30 alors que le soleil de Belfort, qui semble se rapprocher du sol à chaque minute, fait monter la chaleur des tentes à 25 degré. On végète, on compte les gerbes, « Tu veux du café ? » « T’es fou toi, t’as pas un chocolat chaud non plus ? ». Enfin c’est pas la grande éclate. Peu à peu cette météo ressemble à un grand piège pour rater la prog du début d’aprem, mais je réussie à m’extirper sur les coups de 15h pour voir Suicidal Tendencies, en prenant les rails, et un premier coup de soleil. On arrive donc pour le début de S-T, et ma foi le son est bien mauvais, un camarade me grogne que le spectacle était aussi ridicule il y a quelques années à Lyon, mais je ne boude pas mon plaisir et j’essaye d’être dedans. Peu à peu le son s’améliore un peu, et surtout l’ambiance est étonnamment bonne pour un premier concert de la journée. On a le droit à un braveheart assez drôle où les gens se foncent dessus puis, voyant qu’ils vont se faire mal, se remettent directement en rang comme des gentils eurockéens uh uh. La démo technique du batteur est classe sans être trop longue, Mike Muir (chant) est à hurler de rire avec ses danses de gorille en short, je me dis que j’aurai pas du les louper au Hellfest l’an dernier. Ca se finit en envahissant la scène, on voit un gosse de 5 ans avec une casquette S.T et on a passé un bon moment quand même.
Après, on fait un petit tour du propriétaire et on croise le chanteur de BB Brunes qui invente la meilleure phrase d’intro du festival : « Il fait chaud hein ? ». Pas le courage d’aller voir Picturebooks alors que Baroness joue dans 45 min et que le soleil murmure « caches toi dans l’ombre de la Loggia ». Baroness commencera son set de très bonne façon en alternant premier et second album, mais déjà un hic commence à se dessiner : ce sont des poseurs puissance 1000. Le chanteur et son guitariste tout droit sorti de Guns’n Leppard se caressent le manche en se regardant virilement, ce dernier ayant un marcel Mastodon premier album, je tente désespérément de l’excuser mais quand même, tout ça sent bien trop le gladiateur pour moi. Et musicalement il faut avouer qu’au bout du 5ème morceau prog-heavy-stoner-expérimental, on passe plus de temps à les regarder se toucher le mi bémol qu’à head-banger, j’en viens même à me tirer pour ne pas louper le début de Dead Weather. Dead Weather, que j’attendais autant que je redoutais, m’a finalement fait l’impression prévue : c’est sympa mais, merde, c’est quand que ça roxe ? Le son n’est pas assez fort, le clavier m’insupporte (je ferai d’ailleurs un discours très ennuyant sur ce son de clavier qui a pourri les derniers morceaux de Queens of the stone age), et puis Alison Mosshart en fait tellement des caisses que même un porno-chic serait plus excitant. Un concert qui aurait pu passer à une heure convenable, mais là il fait encore grand jour, la foule peu nombreuse, on a presque l’impression qu’ils répètent.
On se casse donc pour les Black Keys, qui eux sont attendus par tout le monde. Pour l’anecdote, j’ai un petit flip due à une rumeur de début d’aprem comme quoi le groupe aurait annulé, qui sera en fait expliquée plus tard par le fait que ces boulets de l’orga les avaient pas bien inscrits dans les accréditations et ils ont du attendre à l’entrée du festoch avant qu’on les reconnaisse, merci les neuneurocks … Pas rancuniers les gars délivreront une superbe prestation qui aurait mérité une fois de plus un public motivé, mais ce ne sera ni la première ni la dernière fois que je ferais ce reproche. Ils jouent 3-4 titres à deux, puis le reste en groupe, le son est très bon (je suis pile devant la régie, je précise), balance un « Tighten Up » superbe, un « Your Touch » qui défonce, et « Everlasting Light » me fout les frissons, ils jouent peu des premiers albums mais qu’importe le feeling y est et on a là le premier grand concert du festoch. Je glisse un petit « Et Jack White peut aller s’faire enculer » au final, parce que si on voulait du rock avec des couilles ce soir là, c’était sous le chapiteau qu’il fallait venir. Je ne sais plus à quel moment, quelqu’un a pris de la drogue, et du coup on est allé à King Midas Sound, et là bas, devant la scène des déchets (le Club Deville donc) ça sentait la seringue rouillée dans une cave de Berlin Est, avec une guitare qui sonne comme une barre métallique qui se contorsionne à l’infini. On se dit qu’il faut pas être un Bad à ce moment là, mais en tout cas on kiff comme si c’était Massive Attack devant nous.
La descente n’en sera que plus dure puisqu’on se retrouve devant Foals, un brin crevé et pas trop dans le « mood », et c’est pas les miaulements du chanteur où le mix creux des guitares à 3 notes qui va nous changer les idées. Un problème d’ingé son, d’équilibrage, je ne sais pas, mais Foals sonne comme 4 types qui jouent dans leur coin, les morceaux n’accrochent pas, même le « Cassius » du premier album, gros tube dans les boums lycéennes de 2008, se casse la gueule. Les titres du second album en prennent pour leur grade puisqu’ils devraient sonner plus forts, plus élaborés et matures, mais ils ressemblent à des démos un peu bancales. Une fois de plus, on se tire à la moitié, parce que la drogue, ça rend vachement exigeant.
Et voilà qu’arrive le big boss, le Kanye West de 2010 pour certains, un véritable héros du Hip-Hop pour d’autres, en tout cas le showman de la soirée. Il est fort quand même, le Jayyy ziii, avec son compte à rebours de 10 min alors que la nuit vient de tomber totalement, on marche en plein dedans, on voit déjà le mur de diodes, on sent que ça va envoyer, on sait qu’on va plus faire marcher nos yeux que nos oreilles mais qu’importe, c’est l’Amérique bordel. Et il nous en balance des tonnes dès le début le salaud, il donnera dans le medley, le Empire State of Mind qui va bien, le 99 problems qui met le feu aux poudres, le remix de Prodigy, de Jackson Five, de U2 (bon celui là j’ai eu un haut le cœur), de Linkin Park, les visuels de New York en 3D, le clip avec Jay-z qui fait du over-boat, Jay-z qui conduit sa Lamborghini, les 8 caméras représentées sur l’écran qui fait toute la largeur et longueur de la scène, les moments de total silence où il veut entendre la foule l’acclamer, il sait jouer avec sans jamais sembler suffisant, comme du narcissisme agréable. On a même le droit à un ptit instant ridiculo-patriotique avec le drapeau français sur toute la largeur de la scène (pas pire que Massive Attack reprenant les titres d’articles de Libé) qui ensuite se retrouvera sur l’Empire State Building. On n’aura pas le droit à Beyoncé, surement trop fatiguée de sa journée à dévaliser Gucci et Dolce Gabana à Paris, mais on aura voyagé avec ce grand basketteur en T-shirt noir qui te fait vivre Indiana Jones, Star Wars et le Cinquième élément en 1h20 de show terriblement efficace. Musicalement, il faudra noter que c’est toujours le même cinéma, grosse guitare, quelques cuivres qu’on entend assez peu finalement, et surtout un tas de samples, d’où l’impression de regarder un film. On chante des « hey heyyyyy » en chœur, on a l’impression d’être dans un parc d’attraction sonore, et puis malgré le mauvais gout de certains passages, il y a son flow, ses transitions imparables, ses poses de maître du monde, et tout ça relève de la putain de classe américaine. Un "kiff" sans restriction, même sur la reprise de Linkin Park ce qui va à l’encontre de mon intégrité, mais à partir de ce moment, je passerai le festival à rétorquer « Oui mais, ça vaut pas Jay-z. »
Après, emporté par une andive parisienne hype, j’irai voir une vraie fête à neuneu du nom de Hot Chip, au bout de 5 min, je le regarde : « Dis, sans dec, je peux pas là, c’est vraiment trop trop trop mauvais, putain le clavier sonne comme un accordéon ». Hot Chip sera forcément dans le top 3 des pires bouses 2010. Je me tire direct parce que Missy Elliott, faut pas déconner non plus, et on me dira plus tard que la dame a été encore plus ridicule que sa musique, ce qui n’est pas pour me déplaire. On entendra aussi des bribes de Converge sur le retour, mais mon cerveau ayant déjà été lobotomisé une fois dans la soirée, je suis pour garder un minimum syndical. Une bonne douche glacée l’histoire de se croire propre, au lit.
Samedi 3 juillet :
Le jour le plus long Ok le samedi était comme chaque année la journée faible, mais là c’était quand même une rude journée quand on est pas VIP (ni même accrédité, pourquoi je fais une review moi ?) et qu’on peut pas passer son aprem à faire du pédalo sur le Malsaucy et à boire du champagne low-cost. Encore une fois poussé par ce putain de soleil d’enculé, je pars du site pour Broken Social Scene, cette fois en bus, qui, une fois n’est pas coutume, semble prendre un bon rythme. Passage devant Bewitched hands mon cul, quelle putain d’horreur, on dirait I’m from Barcelona sans les cotillons. Dans un état lamentable je m’asseois comme un hippie devant Broken Social Scene dont le chanteur est super content que son public soit peu nombreux et complètement fainéant. Le début est assez poussif, le son assez mauvais, pas de quoi se lever. Au bout de 20 min, entre deux update d’un rouquin sur un match du mondial, ça se réveille et c’est bien agréable. Ah oui ça reste du rock pour gens heureux, mais bon ça s’apprécie comme une bière tiède offerte par une fille négligée, et d’ailleurs la chanteuse est pas dégueue malgré sa coupe à la Albator. Il n’y a que sur le titre avec Feist où elle semble un peu à coté de la plaque, mais bon. La journée ne commence pas si mal.
Ensuite ça devient du grand n’importe quoi, parce que ok Omar Souleyman ça a l’air trop cool trop fun mais dans la réalité, c’est un vieux gars déguisé en Yasser Arafat avec un type qui met une bande son hallal et un joueur de guitare syrienne jesépakoi complètement amorphe. Celui que j’appellerai très vite le « Patrick Sébastien Syrien » se contente pendant 5 min de sortir de très long « YALLAAAAAAAAAHHHHH » et autres « heeeeeeeeeeyyYEYYYYYYYYY », dans une ambiance de mariage où les gens tapent des mains et font des « hey ! hey ! hey ! » comme si la mariée allait sortir de derrière la scène pour balancer sa jarretière dans le public, je verrai presque des serviettes tourner. En clair c’est une nouvelle fois la fête à neuneu, du coup je fuis me chercher une bière, à manger, de l’air, du silence même. Passage mega rapide à coté d’Emilie Simon qui est définitivement perdue dans la mièvrerie, puis finalement après avoir re-vérifié que la fête à neuneu était toujours au même point, on se pose devant la grande scène attendre un autre spectacle de foire, mais un brin plus drôle, Airbourne. Ils arrivent comme des hommes préhistoriques, l’un fait le lave-linge avec sa tête, l’autre fait des grimaces qui feraient peur à n’importe quelle mouche, le batteur ne semble pas frustré de jouer la même chose pendant 1h, enfin bref c’est AC/DC sans les tubes. Allongé sur l’herbe ça passe le temps mais je compte seulement rester jusqu’à la cascade de l’échafaudage, grand rendez-vous pour les connaisseurs du groupe, et faut dire que voir ça en vrai, c’est sympa. Remy Julienne ronge ses os à l'heure où le chanteur d’Airbourne grimpe rapidement les échafaudages à droite de la scène, s’accroche par les pieds, puis fait son solo, sans filet. Ensuite il redescend à une vitesse hallucinante, cours et saute comme un cabri pour finir le morceau sur scène comme si de rien n’était, à peine essoufflé. Une pub anti-tabac en somme.
Allez on va voir un vrai groupe, Serena Maneesh. Phénomène encore plus important que d’habitude, il n’y a carrément personne devant la Loggia au début du concert, enfin, une cinquantaine on va dire, centaine si on compte les gens qui boivent à l’ombre en regardant leur Iphone. Alcoolémie déjà avancé, associée à une grosse fatigue je pense, je suis au premier rend à head-banguer contre la barrière, je vois environ 10 min de concert puisque le Shoegaze ça s’apprécie les yeux fermés. Je trouve ça tout simplement terrible, pourtant le son est crade, on entend difficilement les mélodies mais qu’importe, quand le gratteux/chanteur envoie son bouzin, une bonne décharge de bruit emporte mon adhésion. Avec du recul c’est vrai qu’en salle ce concert aurait pu beaucoup mieux rendre, mais le plaisir était là. Le chanteur semblait plutot énervé, un technicien lui dit qu’il ne reste de la place que pour 2 morceaux, il rétorque au public « Ok two more and then we’ll get outta your face ! » cyniquement. Et le final casse des dents, avec un air de kraut-rock noiseux, une transe poisseuse qui fait du bien …
Donc là y’a encore pas grand-chose, j’erre un brin, je mange du saumon fumée avec mes amis distingués de la Capitale, malgré mon avertissement, l’un d’eux veut voir un bout de Specials, il comprendra en 2 min mes réticences. « Hey mais ils ont un noir », « Bah ouais ça c’est pour la légitimité ska mec ». On va aussi voir Memory Tapes, qui dans mon souvenir était un truc electro un peu chiant mais sympa pour se poser, en fait c’est de la folk-pop avec un gars qui fait des samples de guitare en chantant comme Dawson devant un poster de Creed. Départ pour les XX donc, je commence à trouver la journée MEGA longue. On fait 5 min, perso je trouve ça bien hors du son mal réglé (pas de gratte trop de basse) et du public qui veut taper des mains sur des morceaux qui parlent de prendre du Xanax en couple, mais je me fais influencé pour partir « déconner » devant Sexy Sushi. A peine à 10 mètre de la régie de la Loggia, super blindée, j’entends une air de fête foraine (décidément cette année c’était le thème), je quitte mes compagnons pour retourner cash voir XX qui eux au moins ont quelques très bons morceaux. Arrivé là bas le son est bien meilleur, je vais pas totalement dans le public pour cause de Janelle Monae qui va arriver, mais je ferme les yeux et je kiff. C’est joli, y’a des tubes (Basic Space, Crystalize, VCR surtout), j’entends pratiquement tout ce que je préfère dans l’album. Petit bémol, quand j’ouvre les yeux un mec coiffure emo-afro et haut de cuir noir me fait de l’œil en dansant comme chez Michou. Je regarde autour de moi, en fait j’étais tombé dans la zone gay-friendly du chapiteau, ouais euh, on va y aller … Aux eurocks, comme la météo ne fait jamais dans la nuance, après la grosse chaleur des deux jours, il commence à pleuvoir, un peu, beaucoup, devant la scène de la Plage, je suis en T-shirt et je commence à voir la grippe arriver, mais pas Janelle Monae. Pourtant on est un petit public motivé, on sent les fans, ça gueule des « JANELLE » ponctués quelques fois de « paye ta chatte » réglementaires.
Les techniciens commencent à mettre des baches sur le matos, ça sent le roussi. Miracle, la pluie s’arrête 10 min et le concert commence enfin. Mon dieu qu’elle est belle, mon dieu ce que le backing band roxe, ce que ses morceaux sont efficaces. Le public derrière moi semble doubler, même tripler en l’espace d’un quart d’heure. Elle jouera tout ce qu’il faut, un lancement du tonnerre sur « Cold War », un « Tightrope » en dansant devant la scène (où il a quand même plu …), la version acoustique de « Smile » à pleurer, Locked Inside, et le rappel in extremis sur « Violet stars happy hunting ». Vocalement elle a été royale, et scéniquement cette meuf en a mis plein la vue a n’importe quel artiste du festival, bref un concert en solo dans une salle doit être un pur bonheur et je n’attends que ça. UN PUTAIN DE SHOW INTER-STELLAIRE. Ensuite on court avec un pote voir la fin de The Hives, je me dis qu’on va voir 2 min, mais pas du tout, on aura droit à un incroyable rappel sur "Two Timing touch and Broken Bones", "A.K.A Idiot", et "Return to Favor" (que je connaissais pas). Apparemment c’était un grand soir pour les Hives, ils semblent un peu plus humains et moins « pré-programmés » que d’habitude, il faut dire qu’ils sont tête d’affiche dans une période où ils n’ont rien à promouvoir, donc ils ont toutes les libertés. Howlin’ Pelle est particulièrement drôle, et joue longuement avec le public sur le dernier titre, un peu lourd pour certain (on fait une fin de titre, on le reprend 30 sec plus tard, et ça 3 fois). Perso j’ai eu pile la dose de Hives qu’il fallait pour avoir le sourire.
Mais il commence vraiment à pleuvoir des cordes, le chapiteau est plein, on ne sait pas trop si c’est pour Ghinzu où pour s’abriter mais je trouve une petite place, avec des gens gentils qui payent leur clope, pourquoi ne pas rester. Bah en fait c’est que je suis au fond et qu’on voit franchement rien, et que Ghinzu joue le même set qu’à la Garden Nef party, et que j’suis crevé. Pourtant ça semblait bien hein, mais ça sent la sueur, je suis trempé, je me tire au bout de 20 min, même si la musique était agréable et le groupe semble toujours aussi énergique et en place. Inutile de dire que la perspective de cette tanche de Vitalic ne m’a pas donné envie de rester sur le site.
Dimanche 4 Juillet :
Une journée qui, sur le papier, semble finalement la meilleure. On commence en arrivant juste avant Martina Topley-Bird. Je discute avec un Franc comtois défoncé comme un djeun’s, qui me raconte qu’il fait les eurocks depuis longtemps. Je lui demande ce qu’il est venu voir cette année, il me dit qu’il sait pas trop, que Sexy Sushi c’était cool, et que le « truc de ska hier soir c’était good vibes mec », il ressemble à tous les autres inconnus à qui j’ai pu discuté ces deux derniers jours, ils sont heureux de venir à Malsaucy sans véritable raison et sans connaître (ou si peu) les groupes de la prog. C’est aussi ça les eurocks. Il m’a aussi cité les têtes d’affiche qui l’ont marqué « Ouais Muse, Daft Punk, c’était terrible mec », au cas ou, je balance « Et Nine Inch Nails ? » « Ah ça je sais pas c’est quoi ? ». Hum. Donc Martina Topley-Bird, elle arrive, elle est magnifique dans sa robe rouge avec ses lèvres plus grosses que des jentes de ferrari, par contre elle a une espèce de machine sur son clavier qui cache sa tête quand elle s’assoit, c’est très mal pensé cette mise en scène. Je suis étonné, elle est pratiquement seule, avec un batteur déguisé en Ninja. Elle joue plusieurs titres du dernier album en version revisitée, à l’acoustique, elle joue avec le public sur « Dadada » et un autre titre, je n’arrive pas à me décider si c’est terriblement ennuyeux ou juste super mignon, tellement la dame séduit tout en faisant le strict minimum musicalement. Sa voix reste son meilleur atout, et elle la samplera sur 3-4 titres avec talent. Ca ne décollera jamais pourtant, et on restera un peu circonspect de cette nouvelle direction folk-bobo-expérimentale qu’elle a prise. On saluera le fait qu’elle met à disposition son «nouvel album » le jour même en avant-première au stand Fnac (album qui au final est constitué à moitié de reprises de ses anciens titres en version bobo-expérimental), avec une dédicace à 19h30, heure de Casablancas le maudit (cf : plus loin dans la review). Bon donc moment mi figue mi raisin, on passe à la fin de Middle East ça avait l’air sacrément ennuyeux, et au moins avec Martina j’ai eu le plaisir des yeux.
Des camarades sont en train de pourrir dans le sable devant Ethiopiques qui n’a pas ramené foule, enfin le site semble vide tous les jours cette année. Je m’assois 10 sec, c’est de la mauvaise world music, en plus je cogite qu’il y a RIEN qui joue au même moment, du coup gros coup de speed, je cours vers le club Deville. Ce coup de speed a été bien récompensé puisque RIEN est en train de défourailler le Club Deville façon boucher, ça joue sec, c’est virtuose, ça groove, ça tabasse, bon dieu ces gars sont talentueux au possible, et j’ai l’impression qu’ils mettent autant d’énergie dans leur musique que de cynisme dans leurs interventions pré-enregistrées, s’attaquant aux journalistes toujours plus enclins à faire des jeux de mots sur leur nom qu’à parler du concret. Le dernier titre à rallonge me provoque un head-bang violent de type « moment le plus rock de cette édition ». Et tout ça, à quoi, 18h20 un gromanche, c’est pas RIEN. Après cette grosse claque de baffe de coup de poing dans le fasciece, je me pose, je cherche le Pad Thai (nouilles thailandaise vendues 5 euros le kilo), j’en achète un, j’en bouffe la moitié tellement c’est lourd ce machin, je zappe Wildbird and Peacedrums parce que la flemme, je vais voir Julian mon héros, le plus près possible.
Une jeune hypeuse me drague parce que j’ai un T-shirt Room on Fire, ensuite je lui dis que c’était à l’époque ou Kings of Leon étaient encore respectables, elle se met à bouder. Trop jeune la hypeuse. Julian arrive avec du retard, mais il balance « Between love and Hate » en intro, c’est n’importe quoi, il introduit un concert solo avec un titre impopulaire du second Strokes ah ah. En vieux fan j’ai le calecon qui frémit, mais ça va vite se calmer lorsqu’il va attaquer les Out of the blue et autres 11th dimension. Il y a une sorte d’auto-tune, qui remplace sa voix par un synthétiseur, c’est carrément dégueu, et ceci seulement sur ses titres solos (il jouera une version terrible de "Hard to explain" plus tard sans l’effet …). Alors du coup on entend sa voix sur la moitié des titres, vaguement, il n’y a pas de fausse note surement parce que tout est étouffé. Quel dommage, j’ai un demi frisson sur « Glass », j’arrive à peine à m’enthousiasmer sur « Rivers of Brakelights ». Ok je chante tout par cœur mais dans le fond j’y crois pas vraiment, je suis même pas colère je suis incompréhension, l’effet sur la voix c’est à cause de cette « grippe » dont il parlait au début du concert ? Pourquoi il chantait aussi bien les morceaux des Strokes alors qu’il n’avait aucun effet ? Enfin voila, les kids n’y ont vu que du feu (je demanderai à la jeune hypeuse si ça la gêne pas l’autotune, elle me fera une moue genre « de quoi tu parles ? » ils sont cons ces jeunes …).
Putain j’suis un peu vert, je me dis « bordel pas possible il me faut un concert qui défonce », je cours comme un putain de daim dans une forêt Canadienne choper une pinte puis me frayer un chemin au milieu du chapiteau pour LCD soundsystem. Première chose, le son est bon, deuxième chose, je suis chaud bouillant alors tu m’envoies n’importe quoi de bon et rythmé je suis dedans, troisième chose, Nancy Yang t’es super bonne, quatrième chose, une fois le "Drunk Girls" arrivé ce fut 50 min de pur kiff terminé sur un coit aigue avec « Yeah » pendant lequel je saute à 2 mètres de hauteur en gueulant avec tout le petit groupe autour de moi, bon dieu comme j’ai eu l’impression d’être dans un super festoch pendant ces 50 min … Je me fais une petite descente humoristique en rejoignant un pote devant Mika, qui nous offre un mélange de Disneyland, Oui-oui, et « Ou est charlie ? » sur la grande scène. Je reconnais à peine « Big Girls » puis commence à entonner « Filles obèses VOUS ETES TROOOP BONNES », « VIVE LES OBESES OUAIS !! », je dois surement avoir trop de positive attitude pour ce concert, on me regarde bizarrement. On danse comme des tapettes en se dirigeant vers la Loggia.
Health ça peut être bien, dans l’état ou je suis, me dis-je. Toute façon c’est quitte ou double, soit ils font de l’électro de tapettes genre remix de Crystal castles, ou ils font dans la Noise de Porc. Ils commencent et BAM Noise de porc, avec la voix fluette derrière qui gêne pas vu qu’on l’entend à peine, ah rythmiquement ça balance SHLING BOUM POUAAH TZAAAA j’ai la tête qui se dévisse. A la fin du premier morceau, mon pote fait la moue, il a laissé son slip chez Mika et retourne le chercher. Qu’importe, Health continue à balancer du gros pendant 45 min qui m’ont fait totalement réévalué le groupe. Une fois de plus mes interventions positives de type « VIVE LA DROGUE » n’ont pas un fort succès dans un public plutôt amorphe qui semble ne pas capter l’intérêt abstrait de la chose. Je croise une beauté surnaturelle, type brune sauvage rouge à lèvre sang qui paye sa blonde puis m’explique qu’elle s’appelle Tia, une allemande, qui a fait le Bad Bonn Kilbi cette année (mais pas le Southside, du perfect quoi). Je me dis qu’elle est vraiment trop bonne pour être hétéro, pas manqué elle roulera une superbe galoche à sa comparse blonde sur la fin du concert, monde cruel, beau mais cruel. Action Beat joue devant la régie, mais quelle connerie, LA SCENE EST EN PENTE BANDE DE NEUNEUS DES EUROCKS. En clair il y a eu 10-15 personnes qui ont pu voir Action Beat (sans compter ceux qui se grimpaient dessus pour voir 10 sec de concert), le reste voyant juste un halo de lumière devant la régie et quelques bouts des 3 batteries assourdissantes. Moi je me tire, déjà vu, pas génial. Manger, boire, Empire of the sun uh uh y’a d’la milf flétrie dis donc. Retour pour Fuck Buttons, je le sens pas trop, ça commence trop classiquement, "Surf Solar", bof, ensuite y’a une sorte de remix pourri de la fin de "Sweet love for planet earth", je comprends rien. En plus deux fois en 5 min je me fais niquer ma garot et des étincelles me crament tour à tour les deux mains, y’a vraiment un bad feeling dans le coin.
Allez on va voir si Massive Attack peut me prendre mes dernières forces. Il n’y a rien qui ressemble plus à un concert de Massive Attack qu’un autre concert de Massive Attack. J’ai l’impression d’être en 2008 avec Martina Topley Bird au chant, sinon ça me semble vraiment tout pareil. Je reste pour avoir le « Teardrop » version Martina (balancé d’ailleurs très rapidement) et au bout de 20 min, exténué, je me retire un peu coupable de ne pas voir le dernier concert « interessant » du festoch. Le lendemain des gens vaguement satisfaits se feront la bise en se disant « et on se revoit pour un vrai festoch hein, Dour, Route du rock, Rock en seine, ou Pukkelpop gros ! ». Venir aux eurocks pour mieux apprécier les autres festoch ? On aurait du me prévenir